LA VICTOIRE DE L’OGRE
Article mis en ligne le 22 janvier 2018

par Marsanay

Patrick Mignard vient d’être lourdement condamné pour diffamation à verser 10500 euros. Relaxé en première instance au pénal, il est condamné en appel, au civil, ce qui est exceptionnel, à verser 8000 euros à la partie civile, plus frais de justice (2500 euros). Comment se fait-il que P. Mignard, sans se prendre pour La Fontaine car il préfère le Saint Emilion, ignorait que l’on n’a pas le droit de se moquer d’un maire. Même un tout petit maire. Tout petit, tout petit.
On peut mourir pour des idées et mourir ruiné pour une satire. Que faire devant un tel acharnement ? D’abord aider financièrement Patrick. Il a animé quelques unes de nos conférences, gratuitement ; nous mettons à l’étude une somme forfaitaire. Mais on ne peut ne peut pas en rester là. Il y a des maires qui percent des galeries et construisent des tours et d’autres qui font des procès. Ceux qui creusent et qui grimpent, nous allons les combattre. Ceux qui font des procès, nous les ridiculisons. Le moment est venu pour que chacun et chacune laisse libre cours à la part de poésie qui sommeille en elle ou en lui. Que 100 vers, que 100 alexandrins s’avancent et éclosent.
Pour commencer, proposons à tous nos amis de publier, dans leurs réseaux associatifs, politiques, sociaux..., le conte paysan médiéval. On peut le déclamer en public, il est alors vivement conseiller de finir en chanson.

Le roi des cons convient parfaitement https://www.youtube.com/watch?v=Dvlidx54jYg

PAR ICI, CONTE

CONTE PAYSAN MÉDIÉVAL

LA VICTOIRE DE L’OGRE

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Il était une fois ...

… dans une lointaine province, un village, au milieu des collines dans un cadre bucolique qui laissait à penser que la vie s’y déroulait sans histoire.

Or, à cette époque, le village était sous la coupe d’un Ogre, un despote primitif et violent qui terrorisait ses habitants et disait, à qui voulait l’entendre, être « l’ami des puissants ». Il était assisté de sa femme que certains, en secret, qualifiaient de « sorcière », d’un fils peu futé qui lui servait d’espion pour débusquer les oppositions en attendant de succéder à son père, et d’une fille encore moins futée. L’Ogre régnait depuis des années et avait mis le village en coupe réglée. La cassette publique était vide.

Au cours du temps, les relations s’étaient détériorées avec celles et ceux qu’il n’avait pas pu soumettre ou acheter. Il s’était entouré d’un parterre de courtisans qui, soit le craignaient, soit vivaient des miettes qu’il leur accordait, soit le plus souvent des deux. Ayant tous les pouvoirs, et les protégeant jalousement, l’argent public était ainsi dépensé sans contrôle. Celles et ceux qui s’étaient risqués à, sinon demander des comptes, du moins simplement consulter les documents des dépenses, s’étaient vu chassés comme des malpropres par l’Ogre et ses sbires. Parmi ceux-ci, le plus virulent était son fils qui attendait impatiemment la succession pour continuer l’œuvre de son père…

Or, en ce temps là, le suzerain avait accordé à ses manants le pouvoir de désigner le chef de leur village. Certains/nes y virent les moyens de se débarrasser du despote qui ruinait leur collectivité. Un petit groupe, autour d’une femme, s’organisa et rendit publique l’action malfaisante de l’Ogre. Des troubadours de passage popularisèrent cette colère et la firent connaître aux alentours. L’Ogre vit là un danger pour le pouvoir qu’il détenait depuis des années et qui lui permettait de vaquer à ses grandes et petites obscures affaires. Il déploya moult artifices pour donner le change aux critiques des mécontents… Fît conter par la voix publique et la rumeur des faits qu’il s’attribuait, dignes des miracles des saints, fit pression sur ses complices arguant les dangers d’un examen attentif des comptes du village, mobilisa sa famille et celles de ses complices, de même que des personnes qui n’habitaient plus depuis des lustres au village, fit des promesses aux plus récalcitrants… Aidé de son fils, il parcouru les chaumières pour défendre sa cause et couvrir d’opprobre celles et ceux qui s’opposaient à lui. La bataille était inégale entre le despote bénéficiant des moyens publics et une opposition réduite à la portion congrue de l’information.

Ce qui devait arriver arriva… Les plus sages avaient pronostiqué la victoire de l’Ogre et de sa bande, capables d’utiliser tous les artifices pour conserver le pouvoir. La bande fut, en effet, reconduite dans son intégralité, empêchant ainsi la moindre intrusion des opposants pour éclaircir les sombres affaires du village. L’Ogre triomphait sur toute la ligne maintenant par la même le verrouillage des affaires du village.

La porte se referma sur les secrets un instant rendus publics… Comme à l’accoutumée la bande se réunit en secret pour continuer ses affaires… Le silence retomba sur le village.

L’histoire ne dit pas ce qu’il advint des courageux villageois qui essayèrent, au péril de leur tranquillité, de faire en sorte que les affaires publiques soient transparentes et non confisquées par l’Ogre et sa bande. Ce qui transparaît au travers des parchemins de l’époque c’est que le fils de l’Ogre était monté dans la hiérarchie de la bande et s’apprêtait à remplacer son père.
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