Interview d’un des fondateurs de Mémoire Sociale de Colomiers
Colomiers - Histoire des usines et des salarié(e)s
Article mis en ligne le 15 octobre 2015

par Universite Populaire Toulouse

Établissements Ramonèdes
de " Ramonèdes " (1938) à " Unic Concept Style " (2003)

La brochure, est introduite par Patrick MIGNARD, professeur d’économie à l’IUT, il traite de l’impact de la mondialisation marchande et de sa conséquence sur la désindustrialisation de la France, sujet abordé lors d’une conférence de l’Université Populaire de Toulouse avec P. MIGNARD. Le retour sur des évènements passé est d’une grande utilité pour comprendre le présent. Dans les années 70 on pouvait acheter des vêtements, fabriqués à Colomiers. Aujourd’hui, la plus part de ceux que nous achetons viennent de Chine, du Maghreb…souvent peu cher, pas toujours de bonne qualité, fabriqués par des ouvrières et des ouvriers, mal payé e s, sans aucun droit…et parfois ce sont des enfants qui les fabriquent . C’est ça la mondialisation.

La brochure restitue bien l’ambiance, l’âpreté, la violence, de ces conflits des années 70, qui annoncent les fermetures d’usines, la dilapidation du tissu industriel, mais aussi la fin d’un cycle de luttes. Avec la lutte des PTT en 1974 et des banques, ce sont les grands services publics qui vont occuper le devant de la scène. La lutte des sidérurgistes en 1979 clôturera ce cycle et ce sera désormais les services publics, la fonction publique qui seront en pointe. Il faudra attendre 2010 pour voir le retour du secteur industriel/privé à travers les raffineurs dans un conflit interprofessionnel sur les retraites

Nous avons interrogé , l’un des fondateurs de Mémoire Sociale de Colomiers. Au détour d’une question, nous découvrons qu’il existerait un enregistrement/film qui aurait été diffusé durant le conflit. Peut être quelqu’un en sait davantage sur ceci, peut d’être d’autres personnes possèdent des archives…Vous pouvez nous le faire savoir en contactant l’UPT ou Mémoire Sociale de Colomiers

1 - Dans l’avant propos de cette brochure vous expliquez votre démarche de travail et vos choix. Comment est née l’idée d’écrire sur les luttes sociales qui se sont déroulées à Colomiers, même s’il est question pour Ramonède de l’usine de Muret ?

Notre démarche initiale est du au fait que, nous avons été des militants syndicaux, à l’époque, C.G.T. et C.F.D.T. Nous avons vécu dans les années 1970 à la fois le développement des luttes, l’implantation de S.S.E (Section Syndicale d’Entreprise) et le développement des U.I.B. ( Union Interprofessionnelle de Base) dans la C.F.D.T et de l’ U.L. (Union Locale) C.G.T.

En premier lieu, nous avons contacté des camarades, connu pour leur activité syndicale à l’époque sur Colomiers.

Il existe une association sur l’histoire locale, mais a part l’aéronautique peu de place ont été consacrée à la vie des usines et encore moins à la vie dans les usines. Au début, on voulait faire une histoire chronologique des conflits dans les usines de la commune 1945-2010 mais c’était trop compliqué , alors un membre de" Mémoire sociale de Colomiers" a suggéré de travailler à des récits usine par usine

2 - Comment avez-vous procédé pour recueillir les témoignages d’ouvrières ? Quand on revisite en 2015 la vie en entreprise, les conflits des années 70, les relations entre syndicats, principalement CGT-CFDT…est ce que les débats et donc les reproches mutuels re surgissent, ou bien regarde t’on cette période d’une façon différente ?

A la première réunion, étaient présentes des ouvrières qui avaient eu des responsabilités syndicales principalement C.G.T. (dont la délégué de 1968), à l’U.I.B. C.F.D.T. ( en sommeil) où un camarade avait toujours la clef.

Les discussions intersyndicales ont été très détendues, les différences exprimées, mais sans rancœur.

Nous avons fait ensuite 2 réunions ou sont venues une bonne quinzaine de salariées , plus syndiquées de base, les discussions ont porté plus sur les conditions de travail.

Puis, sachant qu’on allait présenter notre publication et pour mettre dans le coup les ouvrières de Ramonède, on a fini par une rencontre bouffe où il y avait 25 personnes , elles ont vécu cette après midi plus comme des retrouvailles.

Parallèlement, nous avons rencontré le côté patronal :un des fils Ramonède (qui a crée une usine en Tunisie),le dernier repreneur et la veuve d’un autre dirigeant,ce qui nous a permis d’avoir quelques précisions. Aucun n’a demandé de voir nos écrits avant parution.

3 - L’épisode de « l’atelier sauvage » mis en place par 80 ouvrières de Colomiers est un moment de la lutte peu connu. Peux tu nous en dire un peu plus, réaction des salarié e s, des syndicats. Y a t’il eu des ventes comme dans les usines qui ont inspirés cet exemple ? Connais t la réaction des organisations politiques ? Il faut peut être préciser pour les lecteurs de la brochure, la différence entre cet « atelier sauvage » et l’initiative de « neuf femmes ».

La durée a été très courte le nombre de personnes ayant participé est plus faible, que celui annoncé dans l’article. Le but était de financer la lutte, la vente s’est faite avec certains C.E. (Comité d’Entreprise), nous croyons C.G.T., et aussi sur le marché de Colomiers

Nous ne connaissons pas la réaction des partis politiques sur ce sujet, à part la réaction en deux temps de la mairie , dénonciation de l’ "atelier sauvage", puis fourniture d’un local . Sur le conflit, les diverses tendances "gauchistes" étaient présents à l’entrée de l’usine au grand dam de la C.G.T.et un soutien par voie de presse du P.S et du P.C.

Nous n’y avons pas pensé ou voulu mettre en concomitance les deux évènements, mais à la réflexion l’atelier sauvage est un " un enfant" Lip, l’ initiative de "neuf ancienne salariées" était dans l’air du temps avec les indemnités , on crée son "business" ce qui s’est développé maintenant.

4 - L’actualité, une histoire de chemise, nous conduit à rappeler ce qui est contenu page 36, « la raclée qu’a pris un responsable de l’entreprise, « il était affalé dans la boue, je pensais aux vaches dans l’arène, il soufflait comme eu bœuf et une ouvrière lui flanquait de la boue sur la tête, elle dégoulinait de partout et il ne disait rien » (raconté par les ouvrières). Comment cet épisode a- t-il été reproduit dans les médias et l’a-t-il été ?

La violence a été présente tout le temps .A Muret, le patron en voiture fonce sur les ouvrières, à Colomiers, les salariées qui bloquaient les portes enduisent de graisse les barrières pour voir les "jaunes", se salir et tomber, ce qui pousse la direction à scier celles ci.. Après le conflit, les ouvrières ont assistées à Muret, à une vive altercation entre un fils Ramonède et Batmale, reprochant à ce dernier son attitude envers les salariés. Les médias ,sur la voiture et les grilles relatent simplement ces évènements.

Nous avons cité deux tracts patronaux qui sont aussi sur des propos très violents : sur les syndicats qui sont un véritable cancer qui affaiblit l’entreprise, qui sont des rêveurs du collectivisme qui citent toujours les pays de l ’Est et le syndicalisme politisé qui est la cause essentielle des grands maux actuels de la France.

5-Ce travail que nous qualifions de très utile semble pourtant avoir rencontré un gros écueil, des archives, surtout syndicales, très incomplète. Ne pensez vous pas qu’il faudrait, compléter les écrits par des témoignages sonores ?

Du côte de la C.F.D.T., je pense que nous avons beaucoup de tracts. Du côté C.G.T., à l’U.D., nous avons trouvé surtout des résultats d’élections et des journaux de l’U.L. de Colomiers. Au niveau de l’U.L. de Colomiers, il semblerait qu’il n’y ait pas d’archives disponibles, quant à F.O. c’ était désespérant aucun interlocuteur

Une personne a filmé pendant la grève de 1979, et je crois que cela avait été projeté lors d’une réunion au hall Gascogne, à Colomiers, mais nous n’avons pas réussit à le retrouver. ,

Comme écrit,dans l’avant propos, beaucoup de choses restent à écrire , parcours des ouvrières, conditions de travail,..les témoignages sonores seraient parfaits, mais nous avons besoin dans ce domaine d’aide, et peut être aussi un temps de repos et donc de recul.