« Toulouse capitale mondiale des salariés épanouis », la classe ouvrière ira-t-elle au paradis ?
Article mis en ligne le 10 octobre 2016

par Marsanay

La lecture de la Dépêche ces derniers jours nous a réjouis, surpris, mécontentés. A deux jours d’intervalle nous avons appris que en tant que toulousain e s nous étions riches et heureu s e s au travail. Pour celles et ceux qui en ont un, ou qui ne vont pas le perdre dans les prochaines semaines. D’ailleurs les photos choisies de salarié e s de l’entreprise Bergé-Levrault sont là pour appuyer le contenu de l’article. Rigole-t-on autant sur les plateaux de téléperformance ou dans les centres SFR ?

Évidemment nous ne savons pas comment l’enquête a été faite,lire ici les critères positifs mis en avant par les sondés : les rémunérations (51% des sondés) et relations au travail et autonomie dans le travail (en deuxième position des sondés)) sont par ailleurs les causes essentielles de conflits. Ici ils apparaissent comme l’argument majeur faisant de Toulouse la ville des salariés heureux, ce qui laisse supposer que ces questions ont été réglées. Nous sommes dubitatifs sur ces résultats car pour bien comprendre ce que nous lisons dans cet article il faudrait savoir quelles ont été les entreprises sondées. Enfin cet article qui survient après le mouvement social contre la loi El Khomri dans une ville fortement mobilisée sonne faux. Surtout il survient à un moment ou le mal être des salariés a fait la une des journaux à travers des suicides à l’hôpital, dans la construction
Mais le sociologue Jean Viard répond en grande partie à nos interrogations :… » De plus, dans la nouvelle économie, il n’y a plus de travail à la chaîne. « Dans le high-tech, très développé à Toulouse, les salariés compétents sont traités comme des égaux par leurs cadres. C’est très important. » Donc l’enquête n’a pas été faite dans les hôpitaux les centres d’appels, le bâtiment…
Jean Viard considère que étant donné que seulement 12% du temps est passé au travail (transport ?) l’épanouissement est lié à des facteurs extérieurs : « Il y a un mélange d’ambiance urbaine, de sentiment de sécurité, de fierté, de qualité des services publics et d’homogénéité de la société… » Or, Toulouse est bâtie sur une industrie solide, de pointe, l’aviation, « qui donne des perspectives pour les 20 à 30 prochaines années. Les écarts de richesses n’y sont pas exposés de façon trop visible, la gestion politique y est relativement homogène. Tout cela crée du lien » Tout n’est pas faux dans ce constat mais il y aurait beaucoup à dire. Dans le high-tech, les salariés pourraient être heureux parce que « compétents « et « traités comme des égaux ». C’est ce que dit M Viard . Ceux et celles dont le métier est de contribuer à l’épanouissement urbain : nettoyer la vile, l’embellir, soigner les habitants, prendre en charge les petits et les vieux…parce que considérés comme dépourvus de compétences particulières, ces métiers indispensables rentrent dans la catégorie des relations au travail hiérarchisées et donc violentes. Il n’en n’est pas question dans cet article.

Nous avons voulu savoir qui était Jean Viard. Nous avons choisi 4 articles à consulter ci-dessous. Nous n’avons pas été déçus car nous avons appris entre autre que travailler un weekend par mois rend heureux. Le reste n’est pas mal aussi
Jean Viard est directeur de recherche au CNRS au CEVIPOF (Centre de recherches politiques de Sciences Po). Diplômé en économie et docteur en sociologie, il est spécialisé notamment dans les vacances, le temps libre, Marseille, ou les 35 heures.
Il dirige les éditions de l’Aube.
En 2007, il appelle à voter pour Ségolène Royal, dans un texte publié dans Le Nouvel Observateur, « contre une droite d’arrogance », pour « une gauche d’espérance ».
En septembre 2010, il devient chroniqueur régulier pour le Journal du dimanche.
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