Petit billet d’1/g à Ebru Firat et Asli Erdogan
Que c’est beau de penser à vous
A travers les nouvelles de mort et d’amères victoires
Penser à vous quand on est chez nous
et qu’on a déjà soufflé plus de soixante dix bougeoirs.
Que c’est beau de penser à vous
Une main oublieuse sur une soierie bleue de Bursa
Et la voici dans vos cheveloures
La durceur fière de votre terre du Rojava
C’est comme un autre homme en moi
La joie de vous aimer, moi qui ne vous connait pas
Ebru, que c’est beau de penser à toi
D’écrire pour toi
De te regarder face à mon écran plat qui mur mure
Dans mon bureau
Un mot fraternité que t’as dû dire en kurde à l’Université
Pas le mot lui-même, solitaire et solidaire
mais cette magie qu’il avait de contenir
tout un monde de paix et de dignité à reconquérir
Asli, que c’est beau de penser à toi
Je vais encore sculpter pour toi des équations
Dessiner une petite théorie grande comme un CERNe
Tisser cette liberté qui refuse de se taire
Et tout à coup
Me jetant debout
Aller coller aux barreaux de ta fenêtre stambouliote
Et crier au ciel bleu de ta liberté sous caution
Tout ce que j’ai écrit pour toi
Que c’est triste de penser à vous
A travers les nouvelles de mort et d’amères défaites
Penser à vous quand on est chez nous
Même pas libre tant que vous ne le serez pas
et qu’on a soufflé plus de soixante-dix nous l’égaliberté.
A partir de Que c’est beau de penser à toi de Nazim Hikmet
Luc Brossard, d’Espaces-Marx Toulouse Occitanie